Paroles

Instrumentale

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Je m’appelle Charles Gauthier
Je suis fils de simples boutiquiers
Etablis rue Quincampoix
Maroquiniers depuis 1743
Sur les quais, le nez au vent
Au milieu des ombres familières
On grandit et on apprend
Que le temps des jeux d’enfants
N’a qu’un temps sur terre

Et me voilà au Tiers Etat
Député de Paris
Participant au grand combat
Qui soulève mon pays…

J’ai tout pour être heureux
Mais, celle que j’aime vit loin de moi
Nous ne sommes pas du même milieu.
Je suis de ceux qui n’ont rien
Et sa famille appartient à la Cour du Roi…

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

A Versailles, chaque jour Papa se retire
Pour faire des serrures dans son grenier
Allez viens dans le parc nous pourrons courir
Mais d'abord je voudrais te dire un secret

J'ai surpris ce matin une conversation
Il paraît qu'à Paris c'est la révolution
Il paraît qu'on se bat dans les rues
Je ne sais pas pourquoi...
Ne crois-tu pas qu'il faudrait en parler à Maman et Papa ?

Il fait chaud tu m'ennuies avec tes histoires.
On verra quand je serai le Roi
Pour l'instant viens jouer à colin-maillard
Je suis sûr que je cours bien plus vite que toi...

Ah ! Mon fils, vous voilà encore transpirant
Et l'habit bien sale
Prenez garde et mesurez vos efforts,
N'allez pas prendre mal au beau soleil
De cette journée quatorzième du mois de juillet...

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Français, Français
L’heure est venue de chanter la liberté (bis)
Français, Français
Notre destin nousle ferons de nos mains
Serrons les rangs, l’espoir nous appartient

Ah ! Citoyens, la Bastille est tombée
On s’est battu et le sang a coulé
Le peuple enfin à Paris est armé
Prêt à lutter sans pitié pour sa liberté
Allez venez mes amis, il faut fêter la victoire
Je vous offre un coup à boire
À la santé du père Capet

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Il est là dans cette foule
Qui m’emporte et qui couvre ma voix
Dans le flot des gens qui roule
Quelque part tout près de moi
Je sais qu’il est là
Il s’appelle Charles Gauthier
C’est à lui que j’ai donné mon coeur
Il se bat pour des idées
Qu’il défend avec fureur
Et qui me font peur

Sire, ils ont pris la Bastille !
C’est une révolte ?
Non, Sire, c’est une révolution

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Avec de la poudre aux yeux
Vous avez cru finir la révolution
C’était oublier un peu nos ambitions;
L’égalité, ça ne suffit pas
Encore faut-il l’appliquer devant la loi
Alors, si vous voulez bien, allons plus loin

A bas tous les privilèges
La liberté reconnaîtra les siens
A bas tous les privilèges
La chance doit changer de main

Il a raison !
Il a raison !

L’impôt d’église, moi j’en fais remise,
Mon droit de chasse, je l’abandonne à la masse
Et puis la pension du Roi, supprimons-la !

A bas tous les privilèges
La liberté reconnaîtra les siens
A bas tous les privilèges
La chance doit changer de mains

Il a raison !
Il a raison !

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Les hommes naissent libres et égaux en droits
Et le restent tout au long de leur vie
Leur volonté s’exprime par la loi,
Et la loi les protège et les punit.

Retenez ces mots-là,
Que le temps n’effacera pas…

Tout homme est libre de ses opinions,
Ses pensées religieuses et civiques,
Du moins tant que leur manifestation
Ne met pas en péril l’ordre public.

Retenez ces mots-là,
Que le temps n’effacera pas…

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Français, Français
L’heure est venue de chanter la liberté (bis)
Français, Français
Notre destin nousle ferons de nos mains
Serrons les rangs, l’espoir nous appartient

Ah ! Citoyens, la Bastille est tombée
On s’est battu et le sang a coulé
Le peuple enfin à Paris est armé
Prêt à lutter sans pitié pour sa liberté
Allez venez mes amis, il faut fêter la victoire
Je vous offre un coup à boire
À la santé du père Capet

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Les cris d’un vol d’oiseau à ma fenêtre
Appellent en vain le soleil à paraître
Les doigts satin du vent dans les nuages
Font frissonner le ciel avant l’orage

Et je l’aime
Oui, je l’aime…

Quatre saisons pour un amour sincère
Les aurons-nous ensemble sur la terre
Verrons-nous à notre tour
Le printemps se lever un jour
Sur notre amour ?

Au fil du temps qui nous sépare sans cesse
Mon coeur apprend la peur et la tristesse
Sous quel soleil demain serons-nous libres
Toi de m’aimer et puis moi de te suivre
Si tu m’aimes
Comme je t’aime

Quatre saisons pour un amour sincère
Les aurons-nous ensemble sur la terre
Verrons-nous à notre tour
Le printemps se lever un jour
Sur notre amour ?

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Moi Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Evêque d’Autun, spécialiste en confiteor
Je fais ici serment de respecter
La constitution civile du Clergé

Mes bien chers frères
Je vous invite très ardemment
A faire de même, à venir prêter serment
Pour apporter à l’Eglise de France
Notre soutien et l’appui de notre confiance

Prêtons serment

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Fédération, fédération
Jurons fidélité à la Nation
Fédération, fédération
Et fidélité à la loi et au Roi

Chantez et pleurez
En larmes de joie
En ce 14 juillet 1790
La France est cimentée à l'homme
Vous êtes unis et le resterez
Quoi qu’il advienne
Gloire à Dieu, à la France et au Roi !

Fédération, fédération
Jurons fidélité à la nation
Fédération, fédération
Et fidélité à la loi et au Roi

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Demandez l’Ami du Peuple
Demandez l’Ami du Peuple
Le roi en fuite est arrêté à Varennes
Les dernières nouvelles
Dernières nouvelles

La famille royale reconnue par un maître de poste
Demandez l’Ami du Peuple
Demandez l’Ami du Peuple
Tous les détails en première page

Demandez l’Ami du Peuple
Lisez l’Ami du Peuple
Le roi est en fuite,
Il est arrêté à Varennes

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Messieurs, messieurs, c’est Danton qui vous parle
Chacun ici sait combien l’heure est grave
L’étranger est à nos portes, assiégeant nos places fortes
Marchant dans nos plaines, dévastant la Lorraine
Il faut nous unir, ne pas céder
Et s’il faut mourir pour la liberté

Quand la patrie est en danger, tout appartient à la patrie
Tout appartient à la patrie quand la patrie est en danger

Messieurs, enfin, montrez votre courage
Paris s’émeut et brûle de combattre
Le tocsin qui va sonner n’est pas un signal d’alarme
C’est l’immense cri de tout un peuple en armes
Messieurs pour vaincre, il faut de l’audace
Encore de l’audace, toujours de l’audace

Quand la patrie est en danger
Tout appartient à la patrie

Quand la patrie est en danger, tout appartient à la patrie
Tout appartient à la patrie quand la patrie est en danger

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Oh ! mon amour, un malheur nous menace

Tu as pleuré, dis-moi ce qui se passe

J’ai eu peur de ne pas te revoir
Avant l’heure de mon départ
J’ai voulu que tu m’embrasses
Que tu me serres entre tes bras
Que tu me dises « je t’aime »
Même si c’est pour la dernière fois

La fuite du roi a semé la colère

Les gens sont fous et je crains pour mon père

Mon amour tu sais que je me bats
Moi aussi dans ce camp-là
Pourquoi faut-il que je t’aime
Quand tout me sépare de toi
Je ne veux pas penser
Que demain tu seras si loin de moi

Quatre saisons pour un amour sincère
Les aurons-nous ensemble sur la terre…

Quatre saisons c’est pourtant peu de chose
C’est un matin dans la vie d’une rose
Mais rien que ce matin-là
Je voudrais le vivre avec toi

Toi…
Mon amour je dois partir
J’ai tant d’amour à te dire
Mon amour, je reviendrai
Je t’aime et je t’attendrai

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Valmy (Général Kellerman) (20 Septembre 1792)

Soldats, soldats, ce jour de gloire nous fait entrer dans l’histoire
Soldats, soldats, c’est la victoire de notre révolution,
Serrons les rangs et vive la Nation…

Par son courage, dans la plaine de Valmy,
L’armée du peuple a vaincu l’ennemi
Et repoussé les armées étrangères
Qui voulaient nous faire la guerre
A l’appel du Roi

Puisque le Roi voulait vendre à bas prix
La terre de France pour sauver sa vie
On va lui faire payer sa trahison,
On va chasser le Bourbon.
Et leur monarchie

Soldats, soldats, ce jour de gloire nous fait entrer dans l’histoire
Soldats, soldats, c’est la victoire de notre révolution,
Serrons les rangs et vive la Nation…

Proclamation de la République (21 Septembre 1792)

La royauté est abolie
La République est proclamée

Citoyens !

La convention nationale décrète à l’unanimité
Que la royauté est abolie en France

Citoyens !
A compter de ce jour
22 septembre 1792
Tous les actes officiels seront datés de l’An 1
De la République

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

C’est du beau linge mon Général
De la dentelle à quatre étoiles
Vos chemises en toile d’Ajaccio
Vous donnent des allures d’aristo

Vous irez loin mon Général
A pieds, en voiture ou à cheval
Et moi je serai femme du monde
Quand les poules auront les dents rondes

Ne riez pas d’un Bonaparte
Un de ces quatre matins
Vous entendrez parler de moi
Même vous qui êtes Madame un peu sans-gêne
Je ne vous oublierai pas
Puisqu’au fond je vous aime bien quand même

En attendant mon général
Payez-nous c’est le principal
Allez ça va, on a compris
La maison vous fera crédit

Et quand vous serez Maréchal
Ou Empereur du Sénégal
Parole de fille de sans-culotte

Je vous ferai mon gégé
Je vous ferai mon néné
Mon général payer la note

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Requisitoire (Foulquier – Tinville)

Lève-toi, citoyen Capet
Au nom du peuple français
La Convention a décidé de te juger
Choisis toi-même tes défenseurs
Pendant qu’il en est temps,
Pendant qu’il en est l’heure
La justice est en marche
Et plus rien désormais ne peut l’arrêter

Réponds à l’acte d’accusation,
Réponds de tes crimes contre la Nation

Tu as fait répandre le sang
De citoyens français innocents
Tu as pactisé avec l’étranger en secret
Tu as cherché à comploter
Avec Talleyrand, avec Dumouriez
Comme le prouvent les papiers
Qu’on a découverts dans l’armoire de fer

Réponds à l’acte d’accusation,
Réponds de tes crimes contre la Nation

Louis XVI (10 Décembre 1792)

Parmi vous je cherche en vain des juges
Et je ne vois que des accusateurs
Et cependant pour aucun d’entre vous
Il n’y a d’amertume dans mon coeur
Je n’ai pas fait cette ignominie,
Je n’ai jamais trahi mon pays,
Mon seul crime a été de l’aimer.
La vie m’a réservé bien des infortunes
Et la mort ne me fait pas peur
Je forme des voeux pour que vous conduisiez la France
Hors des voies du malheur
Gardez-la mieux que je ne l’ai gardée à l’abri de ses propres excès.
S’il se peut aimez-la mieux que moi
Qu’on prenne soin de ma famille
Qu’on prenne soin de mes enfants
Sont les seules faveurs que j’attends de votre bonté
Maintenant au nom de la France,
Jugez en votre âme et conscience
Faites selon votre bon plaisir,
Moi je n’ai plus rien à vous dire

Citoyen Collot d’Herbois
La mort!

Citoyen Saint-Just
La mort!

Citoyen Marat
La mort!

Citoyen Robespierre
La mort!

Citoyen Gauthier
La mort!

Citoyen Danton
La mort!

Citoyen Barère
La mort!

Citoyen Couthon
La mort! …

Execution (21 janvier 1793)

On va t’faire payer pour tes crimes,
Oui on t’a fait courber la tête sous la guillotine :
Tu l’as bien mérité
Cette fois, Capet est mort pour de bon
Vive la Révolution !

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Depuis le temps que Paris impose sa loi
A ceux du Nord au Midi
Qui n’en veulent pas
Leur maudite révolution ne leur suffit pas
S’ils tuent la reine comme le Roi
On va leur faire payer ça

Chouans en avant !
Par Saint Denis, par Saint Jean
Coeur battant
En avant
Chouans

Nous abattrons Robespierre, l’odieux tyran
Roulant ce loup sanguinaire dans son propre sang
Je dis que la République n’en a plus pour longtemps
Nous ramènerons la foi
Nous aurons un nouveau Roi

Chouans en avant !
Par Saint Denis, par Saint Jean
Coeur battant

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Un feu sur la colline et parmi les ruines
Des enfants qui pleurent de froid et de peur
On tue pour des idées et à l’heure qui sonne
Rien ni personne n’est en sécurité.

Crie avec nous à l’unisson
Crie : vive la Révolution !
Ou ta belle gueule aristocratique
Se promèn’ra au bout d’une pique
La Terreur est en nous

Et foi de sans-culottes
On va raccourcir tous les géants
Faire les petits plus grands
Tous à la même hauteur
Au nom du principe d’égalité

Voilà le vrai bonheur

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Alors citoyenne, on entre sans frapper
Tu veux voir le citoyen Marat tout nu dans son bain
Comment t’appelles-tu ?

Charlotte

Mais tu as de beaux yeux, citoyenne
Aapproche un peu ici
Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
Oh mais dis-donc tu as de beaux seins !

Ah ! C’est vrai, tu les aimes citoyen ?

Viens Charlotte
Oui Marat

Aah ! Charlotte
Aah ! Marat
Mais… comme tu as l’air méchante tout à coup
C’est pour mieux te faire peur, gros voyou !

Et… pourquoi caches-tu ce grand couteau ?

C’est pour mieux te saigner, mon salaud !

Tiens !

Aaahhh !!!!

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Aujourd’hui 24 Vendémiaire, le tribunal révolutionnaire
Va juger pour ses forfaits, la veuve Capet
Moi, Antoine Fouquier-Tinville
Ci-devant accusateur public
Sans pitié je réclame
Qu’on fasse tomber la tête
De cette femme
Coupable d’avoir causé tant de tort,
Coupable, nous te condamnons à mort !

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Au petit matin, les fleurs de mon jardin s’ouvraient à la vie
Et je me vois encore couverte de rosée après la nuit passée
A rire, à danser, à aimer.
Au petit matin, ils viendront me chercher et me conduiront
Par les rues de la ville, dans un chariot de bois
Jusqu’à l’horrible endroit
Mon Dieu, épargnez-moi la peur.

Adieu mes enfants, je vous quitte trop tôt,
Je vous laisse entre les mains de Dieu,
Je vous aime : adieu, adieu.

Au petit matin, mes rêves je m’en souviens emportaient mon coeur
Au temps de mon enfance, parmi des gens heureux
Un compagnon de jeux un soir a pleuré mon départ.

Le petit matin
N’est déjà plus très loin
La dernière étoile pâlit à la fenêtre
Ils vont venir bientôt
Et je suis déjà prête

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

J’ai dû faire condammner Danton, Desmoulins
Fabre d’Eglantine à la Guillotine
Je n’ai plus un ami
Même Charles Gauthier
Est emprisonné à la Conciergerie

Que j’aie tort ou que j’ai raison,
L’heure n’est plus à l’hésitation
J’ai déchaîné la grande terreur
Et tant pis pour tout ceux qui ont peur,
De la révolution.

Je sais qu’on dit de moi
Robespierre est un loup sanguinaire
Mais ça me laisse froid

Avec un peu de chance
Les fantômes de mes espérances
Survivront après moi

Que j’aie tort ou que j’ai raison,
Il faut un Dieu à la Nation
Et la fête de l’être suprême
Sera demain l’acte de baptême
De la Révolution.

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Aujourd’hui la nation républicaine
S’est réunie pour fêter l’être suprême
Tous ensemble nous allons mettre le feu
A des mannequins de bois qui symbolisent

L’ambition
Le fléau de l’athéisme
La fausse simplicité
Et l’égoïsme

Alle alle alléluia
Alle alle alléluia alléluia

Maintenant allons ensemble honorer
L’arbre de la liberté sur la colline
Devant nous la statue de la sagesse
Rappelle à notre jeunesse, la discipline
Célébrons dans la joie républicaine
Et fêtons comme il se doit
L’être suprême

Alle alle alléluia

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

Il s’appelle Charles Gauthier
C’est ici qu’il est emprisonné
Par pitié laissez-moi le revoir

Allez-y mais faites vite
J’aurai des histoires

(Alain Boublil & Jean-Max Riviere)

De te serrer entre mes bras, je tremble
Mais je veux que tu partes sans plus attendre

Quatre saisons pour un amour sincère
Nous ne les aurons pas sur cette terre

Comme je t’aime

Je veux mourir avec toi

Comme je t’aime

Notre histoire s’arrête là

Révolution, ta colère se déchaîne
En flots d’amour et en torrents de haine

Je te dois tout à la fois
Mes larmes et mes joies
D’ ici-bas mais…

Révolution, déjà le jour se lève
D’autres viendront qui prendront la relève
Et qui mieux que nous ferons
Triompher l’amour en ton nom,
Révolution